Branding Culturel : Quand le cliché devient le meilleur atout de votre modernité
La baguette, le béret, la R5… Faut-il fuir les stéréotypes pour paraître moderne, ou les embrasser pour devenir iconique ? Renault et Maison Kayser nous offrent une réponse croustillante.

La peur du folklore : pourquoi les marques cachent souvent ce qui les définit
Pendant des années, le "Made in France" a cherché à se défaire de ses images d'Épinal. Pour paraître innovantes, premium ou internationales, de nombreuses marques ont lissé leurs codes culturels, craignant par-dessus tout de tomber dans le "folklore" ou le ringard. La baguette de pain sous le bras ? Trop cliché. L'osier ? Trop rustique. Cette quête de neutralité mène souvent à une aseptisation de l'identité. En voulant éviter la caricature, on efface l'ancrage. On oublie que ces symboles, aussi usés soient-ils, portent en eux une charge émotionnelle et une reconnaissance immédiate puissante. Le risque n'est pas le cliché lui-même, mais le manque de recul avec lequel on le traite.

L'art du "Cliché-Boomerang" : rire de soi pour reprendre le contrôle du récit
L'opération "Oui oui baguette" orchestrée par Renault et Maison Kayser est la preuve éclatante qu'on peut inverser cette vapeur. Ici, le cliché n'est pas subi, il est revendiqué avec une autodérision contrôlée jubilatoire. En intégrant un porte-baguette en osier dans une voiture électrique ultra-moderne, et en nommant l'opération d'après un mème viral ("Oui oui baguette"), les marques pratiquent ce que l'on pourrait appeler le "Cliché-Boomerang". Elles lancent le stéréotype très loin dans l'absurde pour qu'il revienne chargé de cool. C'est un acte de branding culturel brillant : en riant d'elles-mêmes avant que les autres ne le fassent, elles reprennent le contrôle de la narration. Elles ne sont plus de vieilles institutions françaises poussiéreuses, mais des icônes pop, conscientes de leur image et capables de jouer avec.
"Ce que le public te reproche, cultive-le : c'est toi." - Jean Cocteau
De l'anecdote à l'icône : le design comme vecteur de désirabilité
"Ce que le public te reproche", ou du moins ce qu'il caricature, Renault a choisi de le sublimer par le design. C'est ici que l'opération dépasse le simple coup de com'. Le fameux porte-baguette n'est pas un gadget en plastique produit à la chaîne ; c'est une pièce en osier tressée à la main par un artisan vannier français. Ce souci du détail change tout. Il anoblit le cliché. Il transforme une blague potentielle en un objet conversationnel chic et désirable. Le design agit ici comme un catalyseur : il prend un élément du folklore (la baguette) et le propulse dans la modernité en lui appliquant les codes du luxe et de l'artisanat. La leçon est claire : on peut rire de tout, à condition de le faire avec une exécution irréprochable.

Assumer son terroir : une leçon d'audace pour le Made in France
Pour les entrepreneurs et les créateurs indépendants, cette alliance est une invitation à l'audace. Ne lissez pas vos aspérités culturelles. N'ayez pas peur de votre "terroir", qu'il soit géographique, historique ou esthétique. Votre ancrage local n'est pas un frein à votre expansion, c'est votre plus puissant différenciateur dans un marché globalisé et uniformisé. Être une marque française (ou bretonne, ou basque...) ne signifie pas regarder le passé, mais réinterpréter ses codes avec l'œil d'aujourd'hui. Comme Renault et Kayser, demandez-vous : quel est le "cliché" de mon secteur ou de ma région ? Et comment puis-je le twister, le designer, le célébrer pour en faire ma signature la plus unique ? La modernité, ce n'est pas ressembler à tout le monde, c'est ressembler furieusement à soi-même.
Votre identité culturelle est une mine d'or, pas un fardeau.







